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anniversaire de mariage (freya)

Jakob Vollan
j'ai reçu une lettre : 20
Jakob Vollan
vivants :: nausicaä de la vallée du vent

Mar 23 Mai - 20:07
Jakob Vollan
Six ans. Aujourd'hui, ça fait six ans que vous vous êtes dit oui, six ans qui s'effritent petit à petit, qui s'envolent en fumée. Six ans de mariage, le résultat d'un pari foireux. « Pile, tu épouses ta copine. Face, tu te maries avec moi. » Et tu la fais parce que c'est tombé sur face, parce qu'on ne revient pas sur une décision de la pièce, c'est comme ça, c'est la règle. Vous êtes joueurs, fiers et stupides. Vous ne savez communiquer qu'avec la pièce et depuis qu'elle a décidé que ce n'était plus suffisant, vous n'avez plus rien à quoi vous raccrocher. Tu ne sais pas faire sans ça, tu ne sais pas agir comme tu devrais. Non, à la place, tu t'enfermes, tu te détruis, tu souffres en silence. On dit qu'avec le temps, la douleur s'apaise, ce sont des conneries. Ça fait un mois, un mois qu'elle a décidé de partir, un mois qu'elle t'a asséné le coup fatal. « Pile, tu me restes fidèle et tu m'aimes vraiment. Face, on divorce. » Encore une fois, c'est tombé sur face. On ne revient pas sur une décision de la pièce. Putain de règles à la con. Elle n'aurait jamais dû lancer ce défi, jamais. Oui, votre mariage était bancale. Oui, vous n'avez jamais réussi à rester fidèle. Oui, vous vous êtes beaucoup trop fait souffrir, mais bordel, c'était vous et c'était très bien comme ça. Depuis son départ, tu n'es que l'ombre de toi même. Elle t'a d'abord ignoré, pendant un temps, trois semaines, trois longues semaines. Puis vous vous êtes vu dans l'espèce d’hôpital de la ville, parce qu'on t'a appelé, non pas parce qu'elle le voulait. Tu y as cru, bordel, tu as vraiment cru que vous pourriez arranger les choses, sauf que non, comme d'habitude, c'est partie en cacahuète. Elle est revenue chercher ses affaires avec sa meilleure amie, c'est une nouvelle fois partie en vrille. Puis, il y a eu l'accident avec Calixta, un nouveau bordel. Quand tu n'es pas avec elle, elle te manque comme ce n'est pas permis. Tu regrettes son absence, tu voudrais arranger les choses, mais quand tu te retrouves face à elle, tu ne peux t'empêcher d'agir comme un abruti, de dire tout ce qu'il ne faut pas.

La date sur ton téléphone t'a explosé à la tronche au réveil. Votre anniversaire de mariage te rappelle un peu plus qu'elle a décidé de claquer la porte sans se retourner. Aujourd'hui, plus qu'un autre jour, tu te sens mal. Tu n'as envie de rien si ce n'est de t'embrumer l'esprit comme tu le fais depuis son départ. Vous n'avez jamais été comme tout le monde, pas le genre à fêter vos anniversaires de mariage avec une bonne dose de romantisme, un restaurant chic, des fleurs et des cadeaux. Non, ça, ce n'est pas vous. Vous aviez pris l'habitude de passer la soirée dans une grotte au bord des falaises avec une bouteille d'alcool fort et des conneries à manger. C'était ça votre truc, boire, se lancer des défis avec la pièce et se promettre des choses stupides que vous ne pourriez jamais tenir. Ça vous faisait marrer, ça vous ressemblait. Aujourd'hui, il n'y aura ni grotte, ni pièce, ni promesse stupide, ni rire, ni rien du tout. Juste toi, toi et une bouteille d'alcool, toi et un stade trop avancé d'alcoolémie dans le sang. Du moins, c'est ce que tu pensais faire. Ce n'est pas comme si tu n'avais pas l'habitude de finir dans un état pitoyable, ces dernières semaines, ça arrive quasiment tous les jours. Sauf que tu ne sais pas pourquoi, tu as fini par sortir de chez toi et par te diriger avec une bouteille d'alcool vers la grotte, vers votre endroit. Nostalgie ? Regrets ? Probablement un peu des deux même s'il est hors de question que tu ne l'avoues.

Les minutes filent, tu es assis à l'entrée, sur une roche et tu attends. Tu regardes les vagues au loin, perdu. Tu joues avec une pièce. « Pile. » Tu la lances, elle tombe sur face, décidément même la pièce te lâche aujourd'hui. Tu recommences. Ça n'a pas le moindre intérêt, tu ne sais pas vraiment ce que tu fais là, mais tu ne pouvais définitivement pas rester chez toi, chez vous, pas aujourd'hui. Alors tu ouvres la bouteille que tu as amenée, tu vas encore te mettre minable seul, c'est pitoyable, mais c'est tout ce qu'il te reste. Tu bois une gorgée. Les souvenirs t'assaillent, tu te souviens de toutes les fois où vous êtes venus dans cet endroit et ça te brise une nouvelle fois le cœur. Tout ça, c'est du passé et tu n'es pas sûr d'être prêt à l'accepter.

Finalement, tu entends un bruit qui te ramène à la réalité. Tu tournes la tête et... surprise. Elle. Elle est là, devant toi. Tu l'observes un instant, en silence, tu n'as pas envie de te prendre la tête, pas aujourd'hui, pas après tout ce que tu as traversé dernièrement. Tu es à bout. Vraiment. « T'es venue. » Une simple constatation. Elle est venue, elle s'est souvenue, à moins que ce ne soit qu'une coïncidence, mais tu préfères ne pas y penser. Tu revisses le bouchon de la bouteille et tu la poses, tu n'as pas spécialement envie qu'elle découvre à quel point tu es devenu une loque suite à son départ. On ne montre jamais ses faiblesses à l'autre, c'est l'une des nombreuses choses que tu as appris avec elle, mais est-ce que c'est encore vraiment important maintenant, alors que vous êtes à deux doigts de signer les papiers du divorce ? « J'peux partir si tu veux... » Tu n'en as pas envie. « Si t'attends quelqu'un. » Tu t'assailles le coup de grâce tout seul. Peut-être que c'est pour ça qu'elle est venue, pour voir quelqu'un d'autre, pour... Non, tu ne veux pas y penser.
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Freya Vollan
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Freya Vollan
vivants :: nausicaä de la vallée du vent

Mar 23 Mai - 20:58
Freya Vollan
Le bar est bruyant. Les gens autour d’elle parlent, chahutent, se racontent les potins du moment, rient fort, si bien qu’on entend à peine la musique en fond sonore. Et pourtant, ce n’est pas assez bruyant pour noyer les pensées de Freya, des pensées qui tournent en boucle dans son esprit tourmenté, ne lui laissant aucun répit. Elle a beau essayer de discuter avec les clients, tenter de se montrer aimable et souriante, le cœur n’y est pas. Et pour cause, son cœur se trouve ailleurs. Aujourd’hui, ça fait six ans. Six longues années qu’elle a rejoint Jakob devant l’autel d’une église pour devenir sa femme, devant leur famille et leurs amis réunis. Dire que ça a été six années de merveilleux moments ponctués d’amour et de complicité aurait été un euphémisme, et ils ont sans doute connus autant de bons moments que de moments désastreux. Il faut bien dire que la pièce n’arrange pas la situation. La pièce, et bien sûr, leur foutue connerie. Aujourd’hui, ça fait un mois qu’elle est partie de leur maison, laissant Jakob derrière elle, avec la promesse d’un divorce à venir. Double anniversaire, tiens, même si Freya préfère oublier cette date-là. Elle sait très bien ce qu’ils auraient fait en temps normal ce jour-là. Machinalement, elle retire la chaîne cachée sous son haut, et à laquelle pend son alliance, qu’elle n’a finalement jamais vraiment quitté. Son anneau brille sur la les mailles dorées, et son cœur se contracte violemment dans sa poitrine. Son alliance, c’est pas là qu’elle devrait se trouver, mais à son doigt, à la place qui est la sienne. Si bien que Freya finit par ôter sa chaîne, en retirer le pendentif improvisé, avant de glisser la bague à son annulaire gauche. Pourquoi est-ce que tout à coup, elle a l’impression de sentir un poids sur sa poitrine s’envoler ? Elle soupire doucement en fixant sa main, avant de quitter l’arrière du bar. « -Tom, tu peux fermer ce soir ? Je dois faire un truc ! » Il ne met qu’une seconde à accepter, et après un dernier hochement de tête, Freya quittr le bar, sans plus se retourner. Aujourd’hui, sa place n’est pas au bar.

Il ne lui faut pas longtemps pour rejoindre sa destination en voiture. L’endroit a toujours été calme, paisible, un vrai petit havre de paix. Quelques minutes de marche, et elle est là, juste devant elle. Leur grotte. Mais les lieux sont déjà occupés, et Freya s’arrête brutalement en dévisageant celui qui se trouve là. Jakob. Il tourne son visage vers elle, et pendant quelques instants, ils ne sont plus que deux personnes qui se regardent en silence, comme les deux imbéciles qu’ils sont. « -Bien sûr que je suis venue… »  Comme si c’était une évidence. Comme si, en cette journée, elle avait pu être n’importe où ailleurs qu’ici, à cet endroit précis. Même au vu de la situation, il n’y avait nulle part d’autre où elle aurait voulu être. La grotte, le jour de leur anniversaire de mariage, c’était leur rituel, leur endroit. Et pourtant, cela ne fait même pas deux minutes qu’elle est là que Jakob veut déjà en partir, et la laisser. « -Non, reste ! » Son ton est brusque, précipité, et elle a répondu si rapidement que s’en serait presque suspect. C’est vrai qu’elle ne s’attendait pas à ce qu’il soit là, mais la vérité, c’est qu’elle n’a absolument aucune envie qu’il parte. Peut-être qu’ils pourraient simplement être là, ensemble, sans s’arracher la gueule pour une fois. Freya ne peut s’empêcher de froncer subitement les sourcils quand il semble suggérer qu’une tierce personne doit venir la rejoindre. Quoi, mais de quoi parle-t-il ? Personne ne doit venir. Comme si elle avait ne serait-ce que l’envie de passer cette journée avec quelqu’un d’autre que lui. Mais ça…ça, il ne le sait pas, bien sûr. Ce n’est pas le genre de choses qu’ils se disent. Jamais. « -Arrête, tu sais bien que j’attends personne. ». Ça fait une éternité que personne d’autre ne l’intéresse, plus d’un an même, mais la nouvelle n’était sortie qu’une semaine plus tôt, parce qu’elle avait été incapable de formuler un tel aveu pendant douze longs mois, parce que Freya avait bien trop peur de ce que ça impliquait.

Pendant quelques instants, elle ne peut rien faire d’autre que de le regarder, sans parvenir à détourner les yeux. « -Fais-moi de la place. » Elle s’avance rapidement, et elle n’est même pas certaine que Jakob ai esquissé le moindre geste quand elle commence déjà à s’asseoir, sur la même roche que lui. Ils sont désormais côte à côte, mais Freya a douloureusement conscience que ce n’est qu’un leurre, et qu’au fond, ils n’ont jamais été si éloignés. Pendant quelques instants, plus personne ne parle, et Freya se contente simplement de regarder l’horizon, les vagues, de profiter de cet endroit qu’elle a toujours adoré. Le fait qu’elle le partage avec Jakob y est sans doute d’ailleurs pour beaucoup, ce qu’elle ne s’est pourtant jamais vraiment avoué. La brune finit par détacher le regard de la vaste étendue bleue qui s’étend devant elle pour le tourner vers le jeune homme assis à ses côtés. Son mari. L’homme qu’elle aime, mais avec qui elle est sur le point de divorcer.

De la foule de choses qu’elle aurait voulu lui dire, aucune ne franchit ses lèvres. Que peut-elle lui dire après la dernière semaine qui vient de s’écouler. Ils s’étaient retrouvés, dans les cris et les reproches, comme bien souvent, et ils avaient été proches, si proches de réussir à arranger la situation…mais c’était sans compter sur la présence de la bimbo décérébrée qui attendait Jakob dans leur maison. Et puis…les deux fois suivantes ne s’étaient pas vraiment mieux passées. Et pour cause, son cher et tendre l’avait laissée sur un trottoir, sa voiture enfoncée dans un poteau, le capot fumant. Il s’était barré, comme le sale con qu’il était parfois -souvent- la laissant se débrouiller toute seule. Des reproches, Freya en avait bien sous la main, peut-être même toute une liste, et pourtant, elle n’était pas prête à lancer les hostilités. Ils avaient bien droit à un petit répit, non ? Son regard n’a toujours pas quitté le visage du jeune homme, quand finalement, elle brise le silence entre eux. « -Pourquoi est-ce que t’es venu, Jakob ? » Ses sourcils se froncent d’incompréhension. Sa présence à la grotte est en complète opposition avec tout ce qu’ils ont pu se dire ces derniers temps, ou avec le comportement du buraliste, la dernière fois qu’ils se sont vus. Ce n’est peut-être la meilleure chose à demander, mais c’est plus fort que Freya, il faut qu’elle sache.
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Jakob Vollan
j'ai reçu une lettre : 20
Jakob Vollan
vivants :: nausicaä de la vallée du vent

Jeu 25 Mai - 22:45
Jakob Vollan
« Non, reste ! » Et bien malgré toi, il y a un sourire qui apparaît sur tes lèvres. Ces deux petits mots te font bien trop plaisir même si tu ne l'avoueras jamais. C'est étrange après tout ce qu'il s'est passé dernièrement entre vous, n'empêche que la voir là, dans votre endroit, ça te rend heureux. Ce n'est pas la première fois que vous vous faites souffrir, après tout, faire du mal à l'autre, c'est un peu la base de votre relation tordue, mais c'est probablement la première fois que vous allez aussi loin. Vous vous êtes déjà pris le chou comme pas permis par le passé, vous vous êtes déjà évités durant quelques jours, mais jamais durant tout un mois. Jamais auparavant, le fait que ça puisse se finir ne t'a traversé l'esprit, pourtant, depuis ces derniers jours, ça semble inévitable. La fin de dix années, la fin de votre mariage, la fin de votre histoire plus que bancale. Pourtant, là, à cet instant précis, elle est là et c'est tout ce qui importe. Il n'est pas question du divorce, ni de hurler sur l'autre. Juste vous, vous et votre connerie qui refera probablement bientôt surface.

Elle semble surprise par ta remarque sur le fait que tu évoques la possibilité qu'elle puisse attendre quelqu'un d'autre. Alors oui, elle t'a avoué il y a quelques jours que ça faisait presque un an qu'elle n'avait plus vu personne hormis toi, sauf que c'est tellement irréaliste, improbable que ça ne t'a pas traversé l'esprit que ça puisse être réel. « Arrête, tu sais bien que j’attends personne. » Tu soupires. « Pas vraiment. » Tu ne sais rien, du moins, rien d'important parce que vous êtes incapables d'aborder les sujets essentiels. Gueuler sur l'autre, lancer des paris stupides, repousser les limites de chacun, ça vous savez le faire, mais parler, parler vraiment, non. Vous ne l'avez jamais fait, vous n'avez jamais ressenti le besoin de le faire, sauf qu'aujourd'hui, vous vous retrouvez comme deux cons, deux abrutis incapables de s'exprimer. Tu l'observes sans dire un mot, tu pourrais probablement briser le silence, mais tu risques encore une fois de sortir ce qu'il ne faut pas, alors tu te contentes de ne rien dire et c'est probablement mieux ainsi. Autrefois, tu lui aurais probablement lancé un défi stupide ou vous auriez parlé de toutes les conneries que vous aviez pu faire durant l'année écoulée et de toutes celles que vous ferez dans celle qui commence, sauf qu'aujourd'hui, ce n'est plus possible. Elle te l'a clairement fait comprendre. Elle veut que les choses changent, elle ne veut plus de la pièce et tu ne sais pas si tu es capable d'agir sans elle.

Elle finit par briser le silence. « Fais-moi de la place. » Tu n'as pas le temps de bouger qu'elle te rejoint sur la roche. Cette proximité, c'est étrange, plus habituel, pourtant, tu ne fais pas le moindre geste pour t'éloigner. Tu l'observes qui regarde l'horizon et tu prends conscience de cette distance qui s'est installée entre vous. Elle est là, tout près de toi, pourtant, elle semble à des années lumières et même la pièce n'y changera rien, plus aujourd'hui, plus après ce dernier mois. Finalement, elle tourne son regard vers toi et durant un instant, tu ne la quittes pas des yeux. Vous n'avez pas été aussi proche depuis... depuis la semaine dernière, quand tu l'as suppliée de rester, de te pardonner, quand tu as tenté de t'ouvrir un peu et qu'elle t'a piétinée une nouvelle fois. Tu détournes le regard, plus persuadé que tu vas réussir à tout encaisser. Elle est partie une fois, deux fois, tu ne supporteras probablement pas son prochain départ. « Pourquoi est-ce que t’es venu, Jakob ? » Pardon ? Tu ne t'attendais pas à ça, à cette question. Tu la regardes un instant plein d'incompréhension. « J'sais pas. » Bien sûr que tu sais, au fond, tu sais très bien pourquoi tu es là, mais ta fichue fierté t'empêche de le prononcer à voix haute. Une nouvelle fois, tu tournes la tête, tu observes les vagues au loin parce que c'est tellement plus simple d'éviter sa question quand tu ne sens pas son regard sur toi. Tu t'enfermes à nouveau dans le mutisme, tu rouvres la bouteille, qu'importe qu'elle soit juste à côté de toi et tu descends une nouvelle gorgée. « J'devais rejoindre des potes et... » Tu as un mensonge au bout des lèvres, une nouvelle connerie balancée pour éviter de t'ouvrir, sauf que, ça ne vient pas. Son regard qui pèse sur toi t'oppresse. Tu supportes plus d'être là, à côté d'elle de cette façon. Si proche et si loin à la fois, c'est trop. Tu te lèves, tu fais quelques pas, tu t'éloignes. Tu soupires. Tu souffles. Tu as envie de hurler, de gueuler contre elle, de lui cracher à la gueule tout ce qu'elle mérite, tout ce qu'elle te fait vivre depuis qu'elle est partie, mais tu te retiens. Il ne faut pas que tu gâches tout, pas encore. Tu sens ton cœur qui s'emballe, la colère qui s'empare de toi, une nouvelle fois. « J'sais pas, Freya. » Tu ne l'appelles quasiment jamais par son prénom. Tu n'utilises pas non plus des surnoms mielleux, non, ce n'est pas votre genre. « Parce que... » Et ta voix monte, tu parles plus fort, trop fort peut-être. « c'est c'qu'on faisait avant. » Ton dernier mot sonne comme un reproche. « Parce qu'ça fait six ans qu'on fait ça. Qu'tu me manquais... » Ça t'échappe sans que tu le réalises. « Parce que... p'tain j'en sais rien. C'était notre truc ! C'était ça qu'on faisait, on s'marrait, on s'promettait des trucs impossibles à tenir, on s'amusait. Sauf qu't'as décidé de tout foutre en l'air ! T'as décidé d'te barrer et... » Tu tournes en rond. T'as envie de tout envoyer valser, la bouteille dans tes mains, les cailloux sur le sol, mais tu te retiens. « P'tain, tu m'emmerdes. » Triste réalité. Ce qui t'emmerde vraiment, c'est ce que tu ressens, l'état pitoyable dans lequel tu es depuis son départ, mais ça, c'est impossible à dire.

Tu finis par t’asseoir à nouveau sur une roche, à l'opposé de celle sur laquelle elle est. Tu bois une nouvelle gorgée. Tu souffles. Ton regard rivé sur le sol, tu finis par souffler : « désolé » pour la crise, pour tout le reste et pour ton incapacité à être la personne qu'elle voudrait que tu sois.
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Freya Vollan
j'ai reçu une lettre : 15
Freya Vollan
vivants :: nausicaä de la vallée du vent

Mer 31 Mai - 17:50
Freya Vollan
Je sais pourquoi je suis venue moi, mais en revanche, je dois bien admettre que j’ignore qu’elle est son excuse à lui ? La dernière fois qu’on s’est vus, il s’est barré comme un sauvage, comme le gros con qu’il sait si bien être, alors non, effectivement, je ne m’attendais pas à le voir là, pas à cet endroit, pas dans notre grotte. Il tire une sale tronche, quoi, j’ai rien demandé de spécial, non ? Il a l’air de se demander lui-même ce qu’il fout là, et je ne peux que lui rendre son regard paumé. Il ne sait pas. Il est là, mais il ne sait pas pourquoi. Il regarde les flots, les vagues au loin, l’horizon, n’importe quoi plutôt que moi en fait, et malgré moi, ça m’agace un peu. A croire qu’on n’arrivera jamais à avoir une seule vraie discussion dans toute notre vie. Je le quitte pas des yeux, et fais semblant de croire le vieux bobard qu’il s’apprête à me sortir…des potes, ouais, bien sûr. J’essaye d’ignorer la petite pointe qui m’a percé le cœur en l’entendant dire ça, et tente de me persuader comme je peux qu’il est en train de me mentir. Mais la suite de sa phrase ne vient jamais, et ça agite la curiosité qui sommeille en moi. Au lieu de ça, je l’observe se lever, et se comporter comme un lion en cage. Sérieusement, il veut pas juste…parler pour une fois ? Etre honnête, arrêter de tout garder pour lui. Merde quoi, on est sur le point de tout perdre, de se perdre l’un l’autre, je sais pas ce qu’il lui faut d’autre. Et pourtant, je sais que j’agirai exactement comme lui. Parce que Jakob et moi, on se dit jamais rien, jamais rien d’autre que des mots blessants, des paroles qu’on regrette peut-être après, mais qui sur le moment n’ont pas d’autre but que de faire du mal. Et il faut dire qu’on est vachement doués pour ça.

Il reprend la parole, et je reste là, à l’observer en train de s’énerver tout seul, à m’engueuler comme si j’étais une gamine. Je fronce les sourcils quand il prononce mon prénom, et je peux pas m’empêcher de me dire que j’aime quand il le fait, mais qu’il ne le saura probablement jamais. Je réponds rien, et je m’étonne même de réussir à garder le contrôle de mes nerfs, alors que je sens la pression monter peu à peu, en même temps que sa voix. Ses reproches me restent en travers de la gorge, et j’arrive pas à croire qu’il soit aussi buté. C’est vrai qu’on était bien, avant, du moins les fois où on arrivait à rester dans la même pièce sans s’écharper la tronche. Mais maintenant, ça me suffit plus, je veux plus. J’ai besoin de plus. Et sa réaction me fait me sentir coupable comme jamais, presque égoïste de vouloir quelque chose qui ne semble pas à notre portée. La bouteille entre ses mains me fait de l’œil, et à cet instant, je regrette de pas pouvoir en avaler une bonne lampée. Mais l’alcool c’est fini, et je me rends compte qu’il va falloir que je trouve une autre solution pour mes problèmes de nerfs. Je fronce les sourcils, alors que Jakob semble commencer à perdre sa patience. Je serre les dents face à ses accusations, mais encaisse son ton, l’agressivité dans ses propos. J’ouvre la bouche, prête à lui répondre, mais il ne m’en laisse pas le temps, et de toutes façons, ses paroles me laissent bouchée bée. J’ai pas halluciné, là, il vient bien de dire que je lui manquais ? Le reste de sa phrase passe complètement à la trappe, même si malgré moi j’en retiens les informations principales : je suis une grosse méchante, et Jakob est une pauvre victime. Je lui manque. Mais putain, il pouvait pas le dire depuis le début ? J’essaye tout de même de rester stoïque, et je me déteste au moment même où je sens un petit regain d’espoir naître en moi. Putain, je sais bien que l’espoir est une garce pourtant.

J’ai tout foutu en l’air. Les mots tournent en boucle dans ma tête, trouvant un nouveau sens à chaque fois. Je regarde son air furieux pendant quelques secondes, la colère qui déforme ses beaux traits, et aussi…autre chose, sur lequel j’arrive pourtant pas à mettre le doigt. Je comprends pas pourquoi il réagit comme ça. Des nanas prêtent à jouer à notre petit jeu, à prendre ma place, il doit y en avoir à la pelle, il n’aurait qu’à claquer des doigts pour se trouver une autre Freya. Je soupire, et il me surprend une nouvelle fois en s’excusant. Décidemment, c’est la journée que Jakob a choisi pour me dire pleins de trucs que j’aurai jamais pensé entendre sortir de sa bouche. Aussitôt, je regrette cette pensée, et ne peux ignorer la voix qui me murmure que ce que je voudrais vraiment l’entendre dire, tout au fond de moi, n’arrivera jamais. Je la chasse pourtant d’un nouveau regard vers celui que j’ai épousé. « -Toi aussi tu me manques… » C’est marrant, c’est pas vraiment ce que j’avais prévu de dire en premier. Mais c’est un fait. C’est vrai que c’est moi qui suis partie, mais ça n’a pas vraiment été de gaieté de cœur, et ça a sans doute été l’une des décisions les plus difficiles que j’ai jamais prise. Et il ne s’est pas passé un seul jour sans que l’idée de revenir chez nous ne me soit pas traversé l’esprit. J’ai lutté contre moi-même, et ce n’était pas une chose aisée. Je le regarde pendant quelques secondes, avant de détourner le regard pour fixer l’intérieur de la grotte, et mon esprit est aussitôt assailli par des tas de souvenirs qu’on s’est construits dans cet endroit. Et j’arrive pas à me résoudre à accepter que c’est la fin, et qu’on ne se comportera plus comme des gamins dans cette grotte, à rire de nos conneries. « -Tu sais…ça pourrait rester notre truc, la grotte. Et…on pourrait y revenir l’an prochain, et l’année d’après, et encore celle d’après… » J’ose pas le regarder, je regarde mes pieds, l’intérieur de la grotte, les vagues, tout, sauf Jakob. J’aime pas quand ça devient sentimental, j’ai l’impression de m’étouffer avec les mots dans ces moments-là, que tout s’embrouille, et que j’arrive pas à dire ce que je pense vraiment. Il faut dire qu’il ne me facilite pas la tâche, et que j’ai jamais vraiment réussi à m’ouvrir à lui, sauf quand c’était la pièce qui le décidait. J’aurai eu trop peur qu’il utilise l’une de mes confidences pour me faire mal. Parce qu’on est tellement cons que dès qu’on repère une petite faiblesse chez l’autre, on l’utilise à notre avantage. C’était plus facile de parler à cause de la pièce, sans doute parce qu’on arrivait à se dire dans ces moments-là que ça faisait toujours parti du jeu. « -T’as réfléchi ? A ce qu’on s’est dit la dernière fois ? » A ce que je t’ai dit moi ? A ce que je t’ai demandé, sans pourtant trop y croire ? Je lui dis pas tout ça, nan, au lieu de ça, j’arrive à relever mes yeux vers lui, même si j’ai l’impression que ça me coûte comme pas possible. Parce qu’au fond, tout le problème réside là, pas vrai ? On a jamais vécu qu’à travers la pièce, depuis ces dix dernières années. Je lui dois mes plus belles conneries, celles que je chérirai jusqu’à ce que je sois une vieille dame en déambulateur, mais aussi mes plus vilaines cicatrices. Je sais que si on est ensemble, aujourd’hui, c’est à cause d’elle, et d’elle seule, pas parce que je suis celle avec qui Jakob veut passer le reste de ses jours. Et putain, ça fait un mal de chien.
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Jakob Vollan
j'ai reçu une lettre : 20
Jakob Vollan
vivants :: nausicaä de la vallée du vent

Mar 6 Juin - 6:38
Jakob Vollan
« Toi aussi tu me manques... » Hein ? Quoi ? Pardon ? Tu relèves la tête d'un seul coup, tu l'observes avec des yeux ronds. Comment ça tu lui manques ? Si tu lui manquais tant que ça, elle ne se serait pas barrée comme ça deux fois de suite. Si c'était vraiment le cas, elle aurait pu essayer de te recontacter au lieu de jouer la morte à chaque putain de fois que tu as essayé de l'appeler. Non. Non, elle ne peut pas te sortir un truc pareil. Tu ne lui manques pas, c'est du vent, du flan, de la merde. Elle se fout de ta gueule, encore. Pourtant, non. Non, elle semble sincère. Ça ne ressemble pas à l'un de vos énièmes jeux, à un stratagème plus que stupide pour te faire souffrir, mais tu ne comprends pas. Tu ne peux pas le faire parce que ça n'est pas habituel, vous ne vous ouvrez pas, vous ne vous avouez jamais ce genre de trucs. Tu ne sais pas comment prendre ces mots, ni quoi dire, ni même si tu as vraiment besoin de prononcer le moindre mot. Si vous étiez d'autres personnes, si vous étiez un peu moins fiers, un peu moins cons aussi, tout serait beaucoup plus simple. Tu lui as avoué qu'elle te manquait, elle en a fait de même. Vous pourriez arranger les choses, mettre de côté vos problèmes et tous ces non-dits qui bouffent votre relation, mais non, ça se saurait si votre relation était aussi simple. « Ha. » Ha ? Sérieusement Jakob, c'est tout ce que tu trouves à dire après tout ce que vous avez vécu durant ce dernier mois ? Ha ? Putain, mais tu veux aller où avec ce genre de conneries ?!

Et finalement, cette fois, c'est elle qui détourne le regard. Incapables de parler, incapables de se regarder, vous faites un putain de beau couple, dis donc. Vous risquez d'aller loin à ce rythme, je vous le dis ! « Tu sais... ça pourrait rester notre truc, la grotte. Et... on pourrait y revenir l’an prochain, et l’année d’après, et encore celle d’après... » « Quoi ? » Tu n'as pas le temps de réfléchir, ça sort tout naturellement parce que tu ne t'attendais pas à ce genre de phrases, à ce genre de possibilités, au fait qu'elle veuille enfin mettre un terme au divorce. Vous l'avez évoqué une fois, une seule et unique fois et puis, comme d'habitude, c'est parti en cacahuète. Au fond de toi, même si tu n'as jamais voulu te l'avouer, tu as petit à petit commencer à te résigner, à te dire que finalement, c'était peut-être la fin de ces dix années de conneries, de paris stupides. Et là... là, elle repose ça sur le tapis, elle ravive un espoir qui commençait petit à petit à s'éteindre. « Tu veux dire que... ? » Que quoi Jakob ? Vas y, exprime toi ! « 'fin qu'on... » Tu peux le faire, on y croit. « Le divorce et... » Non, ça clairement, tu ne peux pas le dire, ni même y songer. Ce bébé n'existe pas ! Tu souffles, inspires doucement.  « Ouais, on pourrait. » Bien sûr que vous pourriez et toi, tu pourrais au moins te montrer un peu enthousiaste, lui montrer que c'est exactement ce genre de propos que tu attends depuis un mois, que tu es prêt à faire des efforts s'il le faut pour tenter de recoller les morceaux. Non, à la place, tu prononces trois putain de mots. Rien de plus parce que clairement, ce genre de conversations, tu n'es pas habitué, pas avec elle, pas dans ce genre de situation. Ça ne vous ressemble pas. Tu ne sais pas quoi dire. Tu pourrais la vanner, lui sortir une énième connerie, mais tu sens que ce n'est clairement pas le bon moment.

« T’as réfléchi ? A ce qu’on s’est dit la dernière fois ? » Euuuh... Tu reposes ton regard sur la bouteille et tu descends une autre gorgée. « A quoi ? » Clairement, tu ne vois pas. La dernière fois, les dernières fois même, vous vous êtes dit un tas de choses dans les cris et les insultes. Alors non, non, tu n'as pas réfléchi à tout ça et tu ne vois pas à quoi tu aurais dû réfléchir. Il y avait un truc important ? « Ah euuh... ça. » Ouais, fais genre tu te souviens, c'est sûr que ça va grandement arranger les choses. « Non, j'y ai pas réfléchi. » En même temps, tu ne vois pas vraiment comment tu aurais pu songer à quelque chose qui ne t'a pas marqué, mais hors de question de lui dire. Tu ne détiens déjà pas la tasse du mari de l'année, hors de question d'empirer les choses. « J'aurais dû ? » Sous-entendu, aide moi à me souvenir de ce qui m'échappe.

Finalement, tu lui tends la bouteille. « T'en veux ? » Une façon à toi de lui montrer que tu n'es pas parfait quand il s'agit de faire ou dire les bonnes choses, mais qu'elle peut toujours compter sur toi pour boire et partager. Oui, sauf que Jakob, elle est enceinte et ce n'est pas vraiment conseillé de boire dans son état, encore moins comme vous pouvez le faire. Et une boulette de plus, une !
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